Travailleur indépendant dans le mariage, comment faire face aux impacts du Covid-19 sur votre entreprise ?

Depuis quelques semaines, l’industrie du mariage, et les nombreux travailleurs indépendants que comptent le secteur commençaient à percevoir des effets liés au développement de l’épidémie.

Ralentissement des demande de devis, gels des commandes, voir report ou annulations des prestations notamment sur les destination wedding ou les mariages de couples étrangers en France, et alors que les rassemblements de plus de 100 personnes viennent d’être interdits ( dans les mairies et les églises ) , l’impact aujourd’hui semble s’accélérer.

Dans le contexte actuel, quels seront les effets de cette crise sanitaire sur notre industrie, et comment en tant que travailleur indépendants pouvons-nous faire face aux impacts du Covid-19 sur nos sociétés ?

Si il est encore trop tôt pour mesurer l’impact réel de l’épidémie sur l’industrie du mariage, certains professionnels ont déjà vu l’annulation ou le report de certains de leurs contrats, réduisant de fait leur chiffre d’affaire sur les mois de mars mais aussi les suivants.

Si la plupart des couples français se mariant en 2020 ne semblent pour l’instant n’avoir rien modifié dans l’organisation de leur mariage, certains couples étrangers et résidant notamment en Amérique du Nord ou en Asie et devant se marier en Europe, ont décidé d’annuler leur venue, des mesures de confinement et de limitation des déplacements internationaux ayant été prises. Ainsi, les professionnels travaillant essentiellement avec une clientèle étrangère sont les premiers touchés par les conséquences de l’épidémie.

Nous avons questionné les lecteurs de La mariée aux pieds nus, et la plupart des couples ayant répondu n’ont pour l’instant pas entamé de changements particuliers liés à l’épidémie dans l’organisation de leur mariage.

Certains basés dans l’Oise, ou le Haut-Rhin par exemple, se montrent plus inquiets, notamment face aux restrictions liées à l’organisation d’évènements privés, limités à 50 invités maximum, d’autres encore, dont les invités sont soumis aux restrictions de voyage, voient le nombre de leur convives légèrement diminuer. Certains couples sont eux plus inquiets pour certains de leurs invités considérés comme fragiles, et préfèrent leur demander de ne pas assister au mariage ( pour les unions devant avoir lieu au printemps 2020 ). Quant aux couples se mariant cet été, ils espèrent échapper aux mesures, et que la situation se sera d’ici là améliorée.

Suite à l’annonce aujourd’hui de l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes, certains lieux de réception recevant les appels des futurs mariés inquiets, proposent pour eux le report de leur réservation à une date ultérieure, ainsi certains mariés d’avril se diront finalement oui en octobre cette année.

L’inquiétude concerne également les voyages de noces, notamment des mariés de 2019 qui sont en ce moment sur le point de partir en lune de miel, et qui voient leur voyage annulé.

La première des choses est de discuter avec vos couples, de comprendre leurs craintes, leurs attentes, et de les rassurer. Au delà des restrictions prises au niveau national et international et sur lesquelles ni vous ni eux n’avez moyen d’agir, les couples et les professionnels du mariage devront chacun trouver un terrain d’entente afin de faire face au mieux aux conséquences de cette crise.

Selon l’avocate spécialisée Joëlle Verbrugge qui a diffusé le 11 mars un article très détaillé sur la situation, est considéré comme cas de force majeur un évènement dit « imprévisible au moment de la conclusion du contrat , « échappant au contrôle » de la partie qui s’en prévaut (le « débiteur » de l’obligation qui n’a pas pu – ou ne pourra pas – être exécutée), {…} et empêchant l’exécution de cette obligation. On dit qu’il doit être « insurmontable », c’est-à-dire qu’aucune mesure alternative (« appropriée » dit la loi) ne peut être prise pour contourner la difficulté qui se présente.« 

L’épidémie de Covid-19 pourrait dans certains cas semble-t-il être considérée comme un cas de force majeur, les acomptes perçus pourraient, si aucun report de l’évènement n’est prévu ou possible, être restitués aux clients si aucune mention contraire du contrat n’en faisait état au moment de la signature.

Dans l’hypothèse où le coronavirus est considéré comme un cas de force majeure, votre client est relevé de toute responsabilité s’il rompt ou suspend le contrat qui vous lie, quel que soit votre préjudice subi (même si vous avez déjà engagé des frais pour préparer la commande, par exemple dans le cas d’un traiteur) – Source Fédération de l’auto-entrepreneur

Pour plus de sérénité, il conviendra ainsi dans la majorité des cas, et dans la mesure du possible, de proposer un report, et non une annulation de la prestation, mais évidemment de se référer aux clauses de votre contrat, et de prendre conseil si besoin auprès d’un juriste.

Le premier impact, financier, sera certainement le plus complexe à gérer. L’annulation ou le report de contrat engendrant des restitutions d’acomptes ou des suspensions de contrats, nul doute que la trésorerie de certains indépendants ne permettra pas à tous d’absorber les conséquences de la crise. Il faudra compter sur la mesure et la compréhension de chacun afin que l’impact soit le plus contenu possible.

Face à l’ampleur potentielle de l’épidémie et en prévision de son impact économique sur les entreprises, le gouvernement a dores et déjà annoncé la mise en place de mesures destinées à soutenir les sociétés et les travailleurs indépendants. Ainsi, un report ou un échelonnement de paiement des cotisations URSSAF ainsi que des éventuelles majorations liées à des difficultés de règlement pourra être demandé par les entreprises essuyant des difficultés, par mail.

« À la suite de l’épidémie de coronavirus et de son impact sur l’activité des entreprises, le réseau des Urssaf est mobilisé pour venir en soutien des employeurs et des travailleurs indépendants qui rencontrent des difficultés pour déclarer ou payer leurs cotisations.

Si en raison de cette épidémie, vous avez subi une perturbation majeure de votre activité, rapprochez-vous de votre Urssaf afin de trouver une solution d’accompagnement adaptée.

Cet accompagnement se traduit notamment par l’octroi de délais (échelonnement de paiements), et d’une remise exceptionnelle des majorations et pénalités de retard sur les périodes ciblées.

Pour les travailleurs indépendants, il est également possible de demander une anticipation de la régularisation annuelle afin d’obtenir un recalcul des cotisations cohérent avec la santé de l’entreprise, et d’obtenir un nouvel échéancier de paiement des cotisations provisionnelles, ou de solliciter l’intervention de l’action sociale pour la prise en charge partielle ou totale des cotisations au titre de l’aide aux cotisants en difficulté, ou pour l’attribution d’une aide financière exceptionnelle. » ( source – Urssaf ) 

Le site du gouvernement annonce également un report voir une remise sur le paiement des échéances de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises qui subiraient la crise lié au Coronavirus ( source – www.impots.gouv ) .

Selon la lettre d’informations envoyée le 14 mars par les impots… »Vous pouvez moduler à tout moment votre taux et vos acomptes de prélèvement à la source. Vous pouvez aussi reporter le paiement de vos acomptes de prélèvement à la source sur vos revenus professionnels d’un mois sur l’autre jusqu’à trois fois si vos acomptes sont mensuels, ou d’un trimestre sur l’autre si vos acomptes sont trimestriels. Toutes ces démarches sont accessibles via votre espace particulier sur impots.gouv.fr, rubrique « Gérer mon prélèvement à la source » : toute intervention avant le 22 du mois sera prise en compte pour le mois suivant. »

Sans négliger l’impact financier que cette crise aura très certainement sur notre domaine d’activité, autant tirer le meilleur parti de la situation et prendre son mal en patience en s’attelant à des tâches mises en attente jusqu’alors. C’est l’occasion de profiter de cette période de creux  pour faire un tri dans son portfolio, mettre à jour son site internet, repenser son identité visuelle, ou mettre un grand coup de frais dans l’administratif ou sa comptabilité. Puisque nous n’avons pas d’autres choix que de patienter et d’attendre que les choses aillent en s’arrangeant, voyons le verre à moitié plein pour mieux repartir une fois la crise passée.

Et vous ? Votre société et votre activité sont-elles touchées par les conséquences de cette épidémie du Covid-19?