Photographe de mariage depuis plus de sept ans maintenant, Ingrid Lepan est à mon sens l’un des meilleurs exemples de parcours mené avec passion, ténacité, authenticité et sincérité. Un cheminement unique et personnel, une véritable attention pour les gens, et surtout une envie, se donner à 100% pour ses mariés.
« À l’époque il y a 7 ans maintenant, j’avais une double activité. Je bossais dans une entreprise de téléphonie mobile durant la semaine et en tant que photographe les jours fériés week-ends, vacances et soirées.
C’était vraiment difficile mais la photo prenait de plus en plus de place et surtout j’adorais ça ! La société qui m’employait a été rachetée, ça a été alors l’occasion de me dire je tente le 100 % photo. Un peu la trouille évidemment mais je ne regrette vraiment pas cette décision ! »
« Ce qui me plait le plus c’est créer des souvenirs fidèles des gens que j’accompagne, partager un moment dans leurs vies. Faire de nouvelles rencontres, j’adore les gens et discuter avec eux de leurs parcours et choix de vie. Ce qui me motive c’est de me dire que pour chacun d’entre eux je vais raconter une histoire, leur histoire. »
C’est une question assez difficile en fait…vaste et difficile. Je ne pense pas me différencier à proprement parler des autres photographes car je pense que l’on a tous à cœur et en tête de rendre de beaux souvenirs fidèles à nos clients.
Je travaille de manière spontanée, ce que je fais doit corresponde à ce que j’aime, ce que je suis. Je suis un peu en dualité et je pense que cela se ressent dans mon travail. À la fois des images parfois lumineuses et à d’autres moments des images bien plus sombres qui viennent souligner ou mettre en avant un sujet. Dans tous les cas des images authentiques, plutôt dans le style du reportage pas figé et trop posé. Je pense que si les clients me font confiance c’est certainement pour ce côté authentique et sincère et je l’espère bien entendu parce que les images leur plaisent.
Pour trouver mon style, de manière naturelle je me suis demandé qui j’étais, qu’est ce qui était important pour moi dans la vie de tous les jours afin d’écrire mes propres histoires.
Qu’est ce qui m’animait, m’inspirait ou au contraire m’ennuyait, me révulsait, qu’est-ce que je n’aimais pas ?… Je me suis rendu compte que j’avais une très grande empathie depuis toute petite, que ma propre histoire pouvait inspirer mes reportages dans le sens relationnel aux autres. Pour moi l’intimité entre les êtres est très importante, du coup de manière fluide et naturelle je me suis interrogée sur ma post production et mes cadrages afin de servir l’intimité qui m’inspire. Des cadrages plus serrés créent une intimité je trouve par exemple et tout un tas d’autres choses.
Ma curiosité m’a par exemple poussée à comprendre que ma relation aux mariés est primordiale. Je n’imagine pas une seconde accompagner un couple avec lequel je n’ai strictement jamais échangé de manière personnelle.
Afin d’affiner mon style j’avais besoin de comprendre qui j’étais et quelles étaient les choses importantes pour moi. J’ai posé les choses sur papier de manière factuelle et clairement en haut de la liste je peux noter : rencontrer des gens, parler avec eux, les écouter raconter leurs histoires de vies, la chaleur humaine. Je suis empathique à la limite de l’hypersensiblerie, je suis entière, simple aussi même si j’aime les choses élégantes. Je suis curieuse, j’aime énormément la notion de famille et d’ amis. J’ai des défauts évidemment : j’ai tendance à prendre les choses trop à cœur, je suis susceptible et pessimiste parfois mais je suis tenace dans le bon sens du terme.
Au niveau photographie pure je me suis interrogée sur ce que j’aime, ce que je n’aime pas, on évolue évidemment donc cette partie-là change forcément.
Comme je le disais j’aime parfois les photos lumineuses bien que j’aime également les photos qu’on appelle « dark » trouver la lumière dans l’ombre comme tu le dis si bien Nessa. Ça peut sembler bizarre parce que c’est opposé mais c’est la réalité. Au final cela me ressemble beaucoup, j’ai parfois quelques dualités intérieures. On peut penser que je suis « dark » uniquement photographiquement parlant, mais non. J’aime les cadrages plutôt serrés, les cadrages larges aussi mais plutôt quand ils sont dans un élément naturel. Si par exemple il y a une foule je vais avoir tendance à cadrer serré même s’il y a du monde.
Ma curiosité m’a poussée à comprendre que ma relation aux mariés est primordiale. Je n’imagine pas une seconde accompagner un couple avec lequel je n’ai strictement jamais échangé de manière personnelle.
Quand l’humain a une petite place dans une foule, je vais assez naturellement cadrer des plans serrés sur des gens plutôt que sur l’ensemble des gens. Pourquoi ? parce que ce que je chercher c’est capter les émotions, les réactions & les interactions.
J’aime les photos de détails, les photos d’émotions, les gestes d’affections, les regards tendres, les photos affectives en somme. Je ne me retrouve pas dans les couleurs saturées ou trop pastels, les photos très peu contrastées également. Je n’aime pas les photos penchées, les lignes d’horizons pas droites, pour moi ce sont des photos ratées qui surtout n’amènent aucune information réelle et peuvent même desservir les propos. J’aime les photos plutôt de type naturelles, en gros les attitudes spontanées pas ultra posées. J’aime les reportages où les points de vues et les cadrages sont variés.
Une chose essentielle à mes yeux pour ne pas se lasser est de ne jamais perdre de l’esprit que chaque histoire est unique et que c’est cette envie de la retranscrire qui est motivante pour moi.
Je puise mon inspiration dans tous les moments de la vie, une simple promenade aux lumières différentes, une journée pluvieuse, des séries télé ou des films, des musiques parfois, un échange avec une personne inspirante, vivre et se laisser inspirer par ce qui m’entoure au quotidien en somme.
Je trouve le monde du mariage à l’image de la société actuelle. Nous faisons dans la vie de tous les jours tous types de rencontres. Des affinités et des amitiés se créent avec des personnes que nous apprenons à connaître puis à apprécier ou au contraire on s’en défait parce qu’ils ne nous « inspirent » rien.
Ce monde du mariage est pour moi identique en tous points. Il y a une grande partie de ceux qui le composent qui sont adorables, généreux et dans le partage, l’échange et d’autres moins sympathiques dans lesquels je ne me retrouve pas. Le monde est ainsi fait et ce serait bien triste si nous étions tous identiques, avec les mêmes goûts et les mêmes caractères.
En tout cas moi ce que j’en retiens, c’est que ceux avec qui j’ai choisi d’avancer sont une force pour moi car ils sont présents, toujours là pour aider et parfois remonter les bretelles ou le moral quand besoin se fait sentir.
L’évolution du marché me fait comprendre une chose importante, il faut apprendre à devenir de plus en plus multifonctions, maîtriser de plus en plus d’outils et être sur tous les fronts.
Il ne suffit pas de créer et faire des images si l’on veut « tirer son épingle du jeu », il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers !
Nous avons la chance d’être de l’ère des réseaux sociaux ce qui est une source publicitaire énorme, la contre partie c’est qu’il faut sans cesse être connecté et à jour sur tout ce qui se fait, maîtriser énormément de choses différentes.
Finalement mon plus gros succès c’est d’avoir pu me prouver à moi-même que je pouvais porter et réussir mon projet seule. J’ai beaucoup douté, ça n’a pas toujours été simple et facile.
La persévérance je dirais, ne jamais lâcher, travailler il n’y a que ça qui paye. Tester, rater et se relever car c’est en se heurtant que l’on avance.
Aucun en fait car je suis certaine que si je recommençais je ferais les mêmes erreurs car c’est comme ça que je suis. J’ai besoin de me confronter pour avancer, de faire des erreurs pour mieux me relever.
J’aurais peut être dit que je me conseillerais d’y croire mais encore aujourd’hui quand je me lance un nouveau défi je pars souvent pessimiste à la base donc je pense que ça ne m’aiderait même pas.
« Nous sommes nos choix » Jean Paul Sartre.
J’avoue que je ne sais pas encore, je profite du moment présent et de tout ce que cela m’apporte, le jour où je ne prendrai plus de plaisir à faire ce métier, il sera alors temps de penser et passer à autre chose. Wait and see !
©Portrait d’Ingrid Lepan par Jeremy Ferrero
Un super moment passe avec Ingrid a travers cet interview… Ca fait plaisir de voir tant de sincerite… continue Ingrid… c’est au top!